C’est l’printemps

Paroles et musique : Pierre Perret – © Editions Adèle 1981

C’est l’ printemps
Tout l’ monde baise à perdre haleine
Les reins des chattes et des hyènes
Vont endurer du mauvais temps
C’est l’ printemps
Deux clébards marchent sur six pattes
Les macchabées soulèvent les boîtes
Les taureaux montent sur leur maman
C’est l’ printemps
Le lièvre dit à la tortue
Je t’en supplie dégage la rue
Pour moi c’est fini d’puis longtemps
C’est l’ printemps
La chèvr’ de M’sieur Seguin demande
Au loup qui à la lippe friande
S’il veut pas la sauter avant

C’est l’ printemps
L’ Chap’ron Rouge en moins d’un quart d’heure
Découvre les vertus du beurre
Dont elle usait tout autrement
C’est l’ printemps
Le r’nard dit au corbeau t’es bête
Si seul’ment t’enlève ta jaquette
J’ te laisse ton calendo coulant
C’est l’ printemps
Pinocchio qui voit qu’ sa bébête
S’allonge autant qu’ son pifomètre
Renverse les chaises en pleurant
C’est l’ printemps
L’ogre qui a passé l’hiver sage
Qui a un faible pour les pucelages
Réveille le Prince charmant

C’est l’ printemps
Y a la tour Eiffel qui s’emballe
Qui s’ penche sur le trou des halles
Pour lui faire un jardin d’enfants
C’est l’ printemps
Deux escargots sur l’herbe tendre
Qui copulaient depuis septembre
Viennent de prend’ le pied brutal’ment
C’est l’ printemps
La jeune veuve avant qu’elle se fane
Se fait l’ meunier son fils et l’âne
Et l’ laboureur et ses enfants
C’est l’ printemps
Blanch’ Neige est fatiguée pauvrette
De recoud’ les boutons d’ braguette
Des nains qui bandent comme des pur-sang

C’est l’ printemps
Le p’tit Poucet sème la pilule
Inutilement car ça pullule
De gros bûch’rons tout frémissants
C’est l’ printemps
Cendrillon rêve d’avoir un jules
Qui puisse comme cette foutue pendule
Tirer ses douze coups en suivant
C’est l’ printemps
Je vous quitte là mes biens chers frères
Ma femm’ m’a dit j’ vais m’ faire la paire
J’ sais pas laquelle exactement
Car c’est l’ printemps