Discours d’inauguration à l’école maternelle Pierre Perret de Fourmies

Le Jeudi 24 novembre 2011 – 16H00

– Monsieur l’inspecteur Académique, M. Jean Pierre POLVENT
– Madame l’Inspectrice de la circonscription de Fourmies, Mme Nathalie OLLOQUI
– Cher Monsieur le Maire de Fourmies, M. Alain BERTEAUX
– Chers amis du Conseil Municipal
– Chère Madame Annick WACQUEZ – Directrice de l’école maternelle ainsi que vous chers enseignants du pôle scolaire
– Cher Monsieur le Président de l’Association de Parents d’Elèves ainsi que tous ses membres


Mesdames, Messieurs, vous tous chers amis,

L’honneur que vous me faites en donnant mon nom à cette école, risque de raboter encore une fois, quelques copeaux de ma modestie naturelle.

Si je dis « encore une fois », c’est que cet établissement scolaire qui porte désormais mon nom à Fourmies est le vingt deuxième à la suite de l’école maternelle de Valence d’Agen qui fût la première située dans mon Tarn et Garonne natal. J’avoue en toute sincérité que je ne m’attendais guère à ce que des responsables d’écoles publiques de notre pays me proposent un jour, d’auréoler mon nom d’une telle gloire.

Cela est d’autant plus surprenant, que les mérites reconnus de tel ou tel auteur, peintre, sculpteur, écrivain, homme de science ou en quelque sorte considérés comme « bienfaiteur de l’humanité », ne le sont généralement que post-mortem.

Croyez de ce fait chers amis, qu’il m’est indéniablement beaucoup plus agréable de pouvoir vous dire ces quelques mots de remerciement moi-même, aujourd’hui bien vivant !

Je suis infiniment touché d’être reconnu et honoré par les habitants de Fourmies car cette ville à la campagne avec un environnement naturel de treize mille habitants a un passé assez riche avec l’industrie du textile et avec ces célèbres anciennes cités ouvrières appelées « les corons ».Son musée du textile témoigne ici même de cette vie sociale dans l’un des bâtiments où sont rassemblés les éléments les plus significatifs qui nous rappellent cette époque.

Eh bien moi, tout comme vous, chers enfants, c’est dans mon Languedoc natal voisin, que je fis mes premières dictées à la communale de Castelsarrasin. A l’âge de treize ans, après avoir obtenu mon certificat d’études, papa me proposa alors le collège ou l’apprentissage d’un métier. J’étais malheureusement incapable à cet âge-là de décider moi-même de mon sort. C’est donc lui qui le fît pour moi. Mon inclination naturelle vers la musique –qu’il m’avait fait apprendre dès l’âge de huit ans en même temps que le saxophone-, l’incita soudain à changer de cap. C’est ainsi qu’il me fît inscrire au conservatoire de musique et d’art dramatique de Toulouse où à mon grand désespoir je fus reçu le mois d’octobre suivant. A la vérité, m’éloigner de mes copains et de ceux que j’aimais, me chagrinait beaucoup. Bien sûr, j’avais une inclinaison vers la musique et j’appris à aimer le conservatoire. Je m’inscrivis d’ailleurs moi-même par la suite aux cours de déclamation dramatique qui m’enchantaient littéralement. Ils me terrifièrent du reste également le jour où, confronté à la prosodie de Molière, de Racine et à celle de Musset, je pris conscience du grand vide ‘’littéraire’’ qu’était le mien. Les mots appris dans ces fameuses et chères dictées de mon école primaire, étaient pourtant bien insuffisants en regard de ceux qui forgeaient les admirables vers de ‘’l’Ecole des femmes’’, du ‘’Misanthrope’’ ou des ‘’Plaideurs’’. Ces terrifiantes lacunes dans mon vocabulaire, me donnèrent évidemment le vertige. Je pris conscience alors de l’énorme travail qui m’attendait en entreprenant avec la même détermination, l’étude de l’art dramatique, ainsi que celle du saxophone alto.
Je n’oublie pas bien sûr le rébarbatif solfège, le redoutable piège des dictées musicales, ni l’apprentissage des sept clés musicales, censées m’ouvrir la porte des concertos les plus abrupts. J’ignorais alors qu’elles me rendraient plus tard d’inestimables services lorsque je composerais moi-même des chansons. L’école publique n’est-elle pas une corne d’abondance dispensant le savoir qui ouvre toutes les portes de la vie ? Les trésors qu’offre l’éducation ne sont-ils pas proposés aujourd’hui à tous dans notre siècle égalitaire ? A vous d’en faire votre profit chers élèves de l’école maternelle de Fourmies puis sans doute un jour des collèges et pourquoi pas des lycées ?

Pour ma part, chers enfants de cette école, tout comme vous, l’école m’a accueilli, je n’avais pas encore deux ans, j’étais incontestablement le plus jeune de la classe et aussi paraît-il, le plus bavard ! A défaut d’être déjà auteur et compositeur, c’est en effet dans ces lieux que j’ai débuté ma carrière de chanteur. Je fis déjà même partie de la chorale, après avoir frôlé l’exclusion pour une raison qui me paraissait tout à fait injuste, je ne chantais pas assez fort et peut-être aussi un peu faux. J’ai dû apprendre à faire ce qu’il fallait depuis pour y remédier !

J’ai encore aujourd’hui le souvenir bien net de cette tranche d’âge si tendre où l’on est si vulnérable, si sensible et parfois aussi, il faut bien le dire, si turbulent ! Plus tard, en entrant à la communale pour mes six ans, mon cœur débordait de chagrin, une page était tournée. Je me suis souvent demandé si ça n’était pas ces jours dorés passés à l’école, qui m’avaient empêché de perdre le goût et les saveurs de cette enfance que l’on peut retrouver dans certaines de mes chansons. Les enfants ne perdront pas pour autant leur parrain de vue en changeant de classe. Plus tard, ils auront peut être eux aussi, la tâche complexe de disserter sur les textes de chansons, telles que « Mon p’tit loup », « La cage aux oiseaux » ou « Lily » (dont le récit se justifie hélas chaque jour un peu plus !) ou « Vert de colère » ou plus récemment encore « Mélangez-vous » ou « La Femme Grillagée ». Leur donnera-t-on à étudier le texte du «Zizi», j’en suis moins sûr !

Cela me fait chaud au cœur de savoir que nous ferons un bout du chemin ensemble car vous donnez un avenir infini à mes chansons en baptisant cette école de mon nom.

Qui peut rêver d’une telle pérennité ? N’est-il pas permis de penser que les petits enfants de ces élèves chanteront à leur tour avec encore plus de ferveur peut-être « Donnez-nous des jardins » en l’an 2100 ?

Pardonnez-moi ce petit bavardage Monsieur l’inspecteur Académique (Jean-Pierre POLVENT), Mme l’Inspectrice de la circonscription de Fourmies (Mme Nathalie OLLOQUI), M. le maire de Fourmies (Alain BERTEAUX), le Conseil Municipal, Mme la directrice de l’école maternelle (Annick WACQUEZ) et tous les enseignants, M. le Président et tous les membres de l’Association de Parents d’Elèves ainsi que vous chers enfants et aussi vous, leurs parents, habitants de Fourmies.

Je vous remercie une fois de plus de m’avoir manifesté votre confiance. Je sais que dorénavant, grâce à vous, mon nom et mon cœur seront toujours présents dans votre accueillante commune avec laquelle je me sens dès à présent un lien de parenté.

Pierre Perret