Paroles et musique Pierre PERRET © Editions Adèle – 2005
J’ai connu un’ fill’ de Camaret
Sur un vieux cargo à la Guad’loupe
Ell’ mettait en branl’ tous ses agrès
Chaqu’ fois qu’elle avait le vent en croupe
J’ai gagné le détroit de Béring
Pour voir c’ qu’elle avait sous le clapot
Malgré la douceur de son gulf string
Y a eu du tangag’ dans le raffiot
Elle avait le séant déchaîné
Ell’ me dit si tu redress’s ton mât d’acier
Tu verras le p’tit raz de ma raie
Et le carré des officiers
Par bonheur à chaqu’ fois qu’y a d’ la houle
En d’ssous d’ la lign’ de flottaison
Subit’ment sa boussole vient maboule
Et j’ dois sortir ma lam’ de fond
L’était sacrément bien carénée
Ses dunettes explosaient le chandail
Le reste était joliment musclé
Y compris sa barrièr’ de corail
Pratiquant la gym avec ardeur
Ell’ f’sait ses pompes au gaillard d’avant
Quand elle atteignit douz’ nœuds à l’heure
Ell’ fut l’aspirant du commandant
Elle avait le séant déchaîné
Pour calmer ce feu de Vulcain
L’eût fallu six douzain’s de pompiers
Et l’Armada de Charles-Quint
Ell’ m’a dit quand tu m’as accostée
J’étais en pann’ des sens faut croire
Je n’étais qu’à moitié dessalée
Et en puberté provisoire
Devant cett’ libertine attitude
L’Equateur ne fut pas une épreuve
Car ell’ me laissa tout’ latitude
Pour une longitud’ de soixant’ neuf
E’ m’ dit t’es un drôl’ de trimaran
Depuis qu’ tu m’ défris’s le goémon
J’ai comm’ le méchant pressentiment
Que tu m’as laissé une cargaison
Elle avait le séant déchaîné
Quand j’ lui titillais le tangon
Son Cap Horn hurlait comme un damné
Y avait d’ l’écum’ sur le lagon
La seul’ fois que j’ n’ai pas démâté
Au terme d’un assaut final
La mignonn’ fatal’ment fut lestée
D’un p’tit moussaillon dans la cale