Paroles et musique : Pierre Perret – © Editions Adèle 1992
Petite si tu es kurde écoute-moi
Il faut partir et quitter ton chez toi
Moi j’ai connu ton sort
J’ai tutoyé la mort
On n’a jamais raison contre un soldat
Ils étaient cent autour de ma maison
Au mur y avait de l’ail et des poivrons
Le vent était si doux le ciel était si clair
Et mon père est tombé dans un éclair
C’était un matin calme de septembre
Ils ont emm’né ma mère dans la chambre
Grand-père dans ses mains pleurait comme un enfant
Dehors on entendait hurler maman
Grand-mère faisait du pain dans la cuisine
Elle s’effondra le nez dans la farine
Et sur son cœur éclot la fleur d’un géranium
Dernier hommage qu’elle ait reçu d’un homme
Grand-père à coup de crosse dans le dos
Implorait la pitié de ses bourreaux
J’entendais les soldats qui riaient tant et plus
Et maman sur son lit ne criait plus
Puis soudain le soleil s’est endeuillé
Les obus éclataient comme des œillets
La mort faisait ripaille jusque dans nos jardins
Il n’y poussait plus que des orphelins
La pluie qui avait cousu tout l’horizon
Faisait fumer les ruines des maisons
Et tout en m’éloignant du ciel de Babylone
J’ai compris que je n’avais plus personne
N’écoute pas les fous qui nous ont dit
La liberté est au bout du fusil
Ceux qui ont crû ces bêtises sont morts depuis longtemps
Les marchands d’armes ont tous de beaux enfants
Depuis la nuit des temps c’est pour l’argent
Que l’on envoie mourir des pauvres gens
Les croyants la patrie prétextes et fariboles
Combien de vies pour un puits de pétrole ?
Petite si tu es kurde il faut partir
Les enfants morts ne peuvent plus grandir
Nous irons en Europe si tel est notre lot
Là-bas ils ne tuent les gens qu’au boulot