Paroles et musique : Pierre Perret – © Editions Adèle 1992
Tous les cent ans les néographes
Font une réforme de l’orthographe
En rognant les tentacules
Des gardiens d’ nos virgules
On voit alors nos gens de lettres
Chacun proteste à sa fenêtre
Mes consonnes au nom du ciel
Touche pas à mes voyelles !
REFRAIN
La réforme de l’orthographe
M’eût pourtant évité des baffes
Quand je tombais dans le panneau
De charrette et chariot
Le Roi pourtant fût bien le Roué
Le François devint le Français
Et Molière mit aussi
Un y à mercy
Le véritable sacrilège
Serait de suivre ce cortège
De vieilles lunes alambiquées
Eprises de compliqué
REFRAIN
La réforme de l’orthographe
M’eût sans doute évité des baffes
Quand du tréfonds de ma détresse
J’oubliais toujours l’S
Croqu’monsieur et tirebouchon
N’ont plus besoin d’un trit d’union
Croquemadame et tapecul
N’en auront plus non plus
Contremaîtresse et contrefoutre
Eux-mêmes ne pourront passer outre
Entrecuisse et entrechat
N’ont pas non plus le choix
REFRAIN
La réforme de l’orthographe
M’eût sans doute évité des baffes
C’est les cuisseaux et les levrauts
Qui me rendaient marteau
Faudra aussi laisser quimper
Dans nos chères onomatopées
Ce trait unissant froufrou
Yoyo pingpong troutrou
On pourra souder nos bluejeans
Nos ossobucos nos pipelines
Vademecum exvoto
Feront partie du lot
REFRAIN
La réforme de l’orthographe
M’eût sans doute évité des baffes
Mettre un T au bout de l’appât
Que n’avais-je fait là
Et quand malgré nos vieux réflexes
On pos’ra plus nos circonflexes
Sur maîtresse et enchaîné
On f’ra un drôle de nez
Mais les générations prochaines
Qui mettront plus d’accent à chaînes
Jugeront que leurs aînés
Les ont longtemps traînées
REFRAIN
La réforme de l’orthographe
Contrarie les paléographes
Depuis qu’un L vient d’être ôté
A imbécilité