Paroles et musique : Pierre Perret – © Editions Adèle 1976
Ce matin j’ pars au boulot dans ma petite auto
Avec dans la tête un coin de rêve encore tout chaud
Et just’ comm’ je pense à ell’ j’oublie mon clignotant
Et l’ camion plein d’œufs tout frais est entré au couvent
Aussitôt huit cents témoins m’agripp’nt le corgnolon
Sans mêm’ gamberger qu’y peuv’nt froisser mon pantalon
Y sort’nt les canifs quelques gégènes et des briquets
Quand le plus mastard d’entre eux me dit faut t’expliquer
REFRAIN
J’ leur ai dit :
Moi la nuit je dors tout nu et vous ?
Avec quelqu’un de très doux et vous ?
On fait l’amour n’importe où et vous ?
Sur les choux hiboux genoux cailloux
Sortant d’ la mêlée j’ vois un typ’ qui l’avait mauvais’
Un pauv’ PDG qui chial’ sur son attaché-case
Et qui m’ dit mon brav’ j’ viens d’ voir s’écrouler à Wall Street
Mes actions d’huil’ de vidang’ qui f’saient de si bonn’s frit’s
J’y dis quand la rein’ fil’ son collant c’est un’ vach’rie
Mais vaut mieux ça qu’un œil de verr’ dans les c’ris’s à l’eau d’ vie
Moi déjà hier j’ai cassé trois bouteill’s consignées
Mais alors dit-il comment fait’s-vous pour êt’ si gai
REFRAIN
Je lui dis :
Moi la nuit je dors tout nu et vous ?
Sur un joli piano roux et vous ?
Quand on fait l’amour il joue pour nous
Il nous accompagne jusqu’au bout !
Boul’vard Saint-Michel j’ tomb’ sur un’ couvée d’ CRS
J’ vois ces gaillards délicats si pleins de gentilless’
Lâch’ment agressés par de grands étudiants malsains
Qui les frappaient sauvag’ment à coups d’ cahiers d’ dessin
Aussitôt leur chef un grand casqué très distingué
Me dit cher Monsieur je vous fais juge du procédé
Posant sa matraqu’ soudain il se met à pleurer
Il me dit Jésus-Marie que fair’ pour être aimé ?
REFRAIN
Je lui dis :
Moi la nuit je dors tout nu et vous ?
Avec quelqu’un de très doux et vous ?
Qui a des petits seins debout et vous ?
Qui ont l’ goût des confitures au mois d’août
Hier je file à Rome pour ach’ter un’ liv’ de pizza
Je rencont’ le pap’ dans un bistrot sur la Piazza
Et cet honnêt’ homm’ devant sa bouteill’ de chianti
Me confess’ que dans son job y a pas qu’ du spaghetti
Y m’ dit mes évêqu’s me surveill’nt comm’ le tapioca
J’étais mieux avant quand je vivais Avé Maria
C’est becaus’ tout ça que j’en ai gros sur la tonsur’
Mais dit’s-moi donc pourquoi pour vous ça baign’ dans la saumure ?
REFRAIN
Je lui dis :
Moi la nuit je dors tout nu et vous ?
Et je miaul’ comme un matou et vous ?
On fait l’amour comm’ des fous et vous ?
Chez nous on voit d’ la fumée partout !